La Saga des Faller



Jean FALLER est né le 26 décembre 1903 à Willgottheim. Il s'est marié le 04 juillet 1931 à Joséphine Grün, après avoir eu plusieurs enfants. Il a divorcé le 08 juin 1951. Il est décédé le 10 août 1956. Le premier de ses trente petits enfants est né l'année d'après... Je suis le fils ainé de Joseph , j'ai deux frères, une soeur et vingt six cousins directs du côté de mon père.





Eté 1939 devant le vieux Pont du Rhin

Quand on habite Strasbourg, en 1939, la guerre à nos portes, que faut-il faire? Comme la majorité des alsaciens, la famille décida de se réfugier en Dordogne. Mon grand-père, bien que bon père de famille et excellent bricoleur, avait, il faut bien le dire, un poil dans la main. La Dordogne a été une bouffée d'oxygène pour toute la famille. La terre agricole très nourricière a permis à Jean, grâce à ses talents manuels (cordonnerie, coiffure, écriture publique etc...) de subvenir aux besoins des siens.

La Dordogne

Les fameux tickets de rationnement (chocolat, sucre, ...), on pouvait les troquer aux paysans contre des pommes de terre et autres aliments plus nourrissants. Jean, dans le village, était sollicité pour confectionner des sandales, effectuer des réparations diverses, faire office de coiffeur... Le poulailler, sous la gérance de ma grand-mère, n'était pas de trop pour améliorer l'ordinaire de cette nombreuse famille.

La maison en Dordogne Voilà la maison où vécut la famille Faller pendant la guerre. A l'écart du village, il fallait faire deux kilomètres à pieds tous les matins pour aller à l'école où on réchauffait sa gamelle à midi, sur le poële à bois qui trônait au milieu de la classe. Ce poële était alimenté par une bûche de bois que devait apporter tous les enfants d'agriculteurs. Après les accords de Vichy en 1940, les réfugiés du coin se sont dits: "C'est bon, on peut rentrer chez nous!". Mais Jean était loin d'être inconscient, et sur le quai de la gare d' Exideuil, avec sa femme, ses enfants et tous leurs biens dans de maigres valises s'est dit: "Impossible, la paix n'est pas pour aujourd'hui!". Et les voilà repartis vers leur petite maison, sans eau, sans électricité et sans aucun confort. Les craintes de mon grand-père s'avérèrent malheureusement justifiées, l'Allemagne étendit son emprise sur toute la France. Les allemands, lors de contrôles, déportaient les familles de réfugiés qui n'avaient pas rejoint leurs régions d'origine, sans autre forme de procès, avec toutes les horreurs que celà impliquait. Un jour, les maquisards firent sauter une voiture de miliciens à une centaine de mètres de la maison, causant la mort des occupants. Dans les jours qui suivirent, Jean méfiant, se doutant de représailles, emmena les siens dans un lieu plus sûr. Bien lui en prit, Les allemands arrivèrent par camions entiers pour ramasser leurs morts. Pour ce faire, ils utilisèrent l'echelle que l'on voit sur la photo comme brancard. Il est certain que si la famille avait été présente, ils auraient tous étés déportés du fait de leur état de réfugiés alsaciens.

La guerre terminée, la famille éprouve toutes les difficultés à obtenir un logement à Strasbourg, ville bombardée, logements détruits..

Hiver 1953 au Port du Rhin

Afin d'obtenir de meilleures facilités administratives, Jean décide d'aller habiter à Périgueux, préfecture de la Dordogne. Malgré de nombreuses démarches, un espoir de logement à Strasbourg s'ammenuise au fil du temps, au grand désespoir de ma grand-mère. Jean, ne voyant rien venir, prend sa plume pour écrire au préfet du Bas-Rhin, lui faisant savoir que si dans les prochains temps il n'obtient pas satisfaction, il viendra camper avec ses neuf enfants devant la préfecture avec convocation de la presse. Bien lui en prit, début 1947 il obtint un logement au Port du Rhin.

Port du Rhin 1953
Pierre et son oncle Philippe

C'est la seule photo connue où tous les enfants de Jean Faller sont réunis. A cette époque, il était déjà divorcé d'avec Joséphine. Pour nous, Marie Madeleine c'est Marlène, Joséphine c'est Mick et Thérèse c'est Annie. On ne sait pas pourquoi, mais ça a toujours été comme ça.







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