Sans vouloir rentrer dans des détails qui n'intéresseront que les puristes, il y a 2 types d'enregistrement, le "live" et le "re-recording" (souvent appelé
"reuhreuh"). Jusqu'au début des années 1970, on ne pouvait enregistrer que live, car les magnétophones multipistes n'étaient pas encore
inventés. Par contre, on pouvait déjà utiliser plusieurs micros et les doser à sa convenance, grâce aux tables de mixage. Puis a suivi une période
où on enregistrait avec deux magnétophones. On faisait une prise sur l'un, puis on la renvoyait sur l'autre en rajoutant des instruments. Ce procédé,
appelé "ping-pong", étendable à l'infini, donnait des résultats exécrables pour deux raisons: Le souffle des magnétophones s'ajoutait jusquà devenir
intolérable et les mixages étaient assez mauvais, car pour recommencer un mixage, il fallait en fait recommencer l'enregistrement depuis le début!
Puis est arrivée une merveilleuse invention, le magnétophone multipistes. En gros si l'on enregistre 8 instruments, on les enregistre chacun sur une piste,
tous en même temps (live) ou les uns après les autres. Son gros avantage, c'est de pouvoir recommencer une piste sans obliger tout l'orchestre à rejouer.
Aspect humain
Bien que nous soyons à l'ère des machines, il ne faut pas négliger le côté humain d'un enregistrement! Suivant l'âge et (ou) la culture de l'auditeur,
un enregistrement impressionnera ou fera sourire en fonction des critères suivants: qualité du morceau de musique, énergie dégagée, son et
chaleur de l'interprétation.
Energie et interprétation
Bien que ces 2 paramètres n'aient pas grand chose à voir avec l'enregistrement, ils en sont très dépendants, comme vous allez le voir. En effet, pour
un amateur, la seule possibilité est l'enregistrement en "re-recording" pour des raisons de budget et de place. Rajoutons aussi l'impossibilité
d'arriver à faire jouer plusieurs musiciens ensemble sans fausses notes... :o) Pour toutes ces raisons, l'amateur prend chaque instrument l'un
après l'autre et arrive ainsi à une exécution mécanique du morceau, où l'objectif de chaque prise est d'arriver au bout sans erreur. Dans une prise
live, on oublie toujours la technique pour se laisser porter par la musique. Pensez vous objectivement jouer de la même façon en groupe et devant
un magnétophone? Non, bien sûr. Il y a pourtant un moyen simple d'humaniser ce genre de prise. Il suffit de ne pas hésiter à tout remettre en question.
Vous programmez par exemple une boite à rythmes et vous posez une basse dessus. Vous vous rendez compte que la basse est très bien , mais qu'elle
ne colle pas trop avec la boite. N'hésitez pas à refaire la boite! Ce n'est qu'en refaisant les anciennes prises en fonction des nouvelles qu'on
arrive à une humanisation crédible.
Prise de son
La prise de son est un métier à part entière. Si, comme moi, votre but est de jouer avant tout, que la prise de son vous semble fastidieuse mais
indispensable, faites la le plus simplement possible, ce sera toujours payant. Par exemple, n'essayez pas de reéqualiser une prise qui sonne déjà
bien à la base. La solution la plus simple est de faire faire la prise de son par une autre personne, au moins le démarrage du magnétophone pour pouvoir
se concentrer sur la musique.
Top Ten des erreurs à éviter
Supposer que les guitares sont accordées.
Mettre trop d'effets, surtout la réverbération.
Sousmixer la voix. Surmixer la voix
Surmixer charleston et cymbales.
Renforcer les fréquences graves sur la basse.
Utiliser un micro inadapté.
Rentrer les guitares electriques sur un multieffets.
Prendre les guitares électroacoustiques par leur micro.
Mettre trop d'effets supprime l'énergie d'un son. Une prise impeccable peut être totalement sabotée par une main un peu lourde sur les effets. Pour
ne prendre aucun risque, on essaye toujours de mettre les effets au mixage et jamais à la prise de son.
La voix est très difficile a mixer. Dans les prises rock, elle doit être à peine plus puissante que le reste, dans tout les autres styles, on n'hésite pas à la mettre en avant.
Les micros statiques sont généralement plus fins que les micros dynamiques, qui peuvent par contre encaisser beaucoup plus de décibels. Les statiques
sont plus chers et nécessitent souvent un boitier d'alimentation supplémentaire.
Pour des guitares acoustiques, une contrebasse, des cymbales ou une voix, choisir un statique. Pour le reste, un dynamique.
Passer une guitare électrique dans un multieffets est une hérésie. Je le fais malheureusement souvent par manque de moyens.
Il faut mettre un micro dynamique devant le HP de l'ampli guitare pour avoir un son crédible. Le grain du couple
ampli - HP caractérise le son d'un gratteux au moins autant que la guitare elle même.
Rien n'empêche de rajouter des effets au mix, puisque le son de base est déjà bon.
Brancher une guitare électroacoustique est une hérésie. Je le fais malheureusement souvent par manque de moyens. Il faut la prendre avec
un micro statique, c'est la seule façon d'en tirer un son correct. N'oublions pas que les capteurs de ces guitares ont été conçus pour la scène
où il n'y a pas d'autre façon de lutter contre la quantité de décibels nuisant à la prise de son.
Quand on réécoute le lendemain un mix fait dans le feu de l'action et qui paraissait formidable sur le moment, on est toujours très déçu. Il faut laisser ses oreilles
se reposer avant de mixer.
Quelques exemples
Prise de son live sur un magnéto stéréo avec une table et 6 micros, pas d'équalisation ni de compression ni d'effets.
Accordéon : Denis Forget - 1 dynamique sur la main droite
Guitare : Pierre Faller - 1 statique
Contrebasse : Alain Kempf - 1 statique
Batterie : Patrick Klein - 2 statiques d'ambiance et 1 dynamique sur la caisse claire
Peau de banane (P. Faller)
Prise de son live sur un magnéto stéréo avec 2 micros statiques, pas d'équalisation ni de compression ni d'effets. A 45' du début,
quelques overdubs de guitares et claviers apparaissent.
Guitare : Pierre Faller
Basse : Pierre Metzger
Batterie : Patrick Klein
Congas : Alexis Torrès
Strasburger bandoneon (P. Faller)
Prise de son re-recording sur un magnéto multipistes.
Accordéon : statique
Guitare : statique
Frettless : Prise directe
Oeufs : statique
Le compresseur
A mon grand ami Denis FANTINO
Le compresseur est un de ces effets dont on doit idéalement remarquer plus l'absence que la présence.
Il sert à optimiser le signal pour tendre vers le 0db: Zéro décibel, niveau à partir duquel le signal n'est plus
restitué correctement. Les meilleurs compresseurs sont analogiques.
Le fonctionnement est simple, quand le volume baisse en entrée on augmente électroniquement le
gain, ce qui peut augmenter considérablement le bruit de fond dans les moments faibles. C'est pourquoi les
compresseurs embarquent souvent un noise gate (porte à bruit en bon français): En dessous d'un certain seuil,
on coupe purement et simplement la sortie. Si on a affaire à un compresseur-limiteur, il est capable de baisser
électroniquement le gain s'il y a trop de volume en entrée.
A l'origine, la musique est tout en nuances. Du triple piano au triple forte, la dynamique est énorme.
C'est admirablement mis en valeur par le boléro de Ravel, qui n'est qu'un très lent crescendo, et qu'il faut avoir
entendu par un philarmonique au moins une fois dans sa vie.
La tendance actuelle est de tout faire tendre vers le 0db. Terminé le Boléro, place à la Techno et à
Metallica. Compresseur à la prise de son sur chaque micro, puis pour finir compresseur sur le mixage final, on
obtient le résultat ci-dessous.
On prend un vieil enregistrement, on optimise son niveau de sortie (fonction NORMALISE de tout
grabber qui se respecte), on compresse parfois un petit peu, et nous voilà en présence de ce que les
professionnels appellent une REMASTERISATION! Encore un mythe qui tombe! On touche à la fin,
qu'imaginer d'encore plus linéaire? Et si, il reste quelque chose: La compression par bandes! On cherche un
niveau constant dans les graves, dans les médiums et dans les aigus... Voire en découpant et compressant le signal en 27
bandes, comme un équalizer... Ne rigolez pas, ça existe!
La stéréophonie
A mon grand ami Jean François FELTER
La stéréophonie est un de ces effets que tout le monde croit connaitre. Rares sont ceux qui n'ont pas de
combiné CD - Radio - K7 - Amplificateurs - Baffles (les mélomanes et les vraies chaines sont en voie de
disparition, mais c'est une autre histoire!). Si de tels appareils peuvent restituer de la stéréo, encore faut-il que
le signal soit réellement enregistré en stéréo.
L'oreille humaine est le récepteur stéréo parfait. En gros, on perçoit un son dans l'espace parce qu'il
paraît plus fort dans une oreille que dans l'autre. Mais c'est la partie cachée de l'iceberg, car il y a un
phénomène de déphasage entre les deux oreilles qui est beaucoup plus important que la différence de volume.
Dans les studios, on a certes beaucoup de tranches à notre disposition, mais on travaille dans 99% des
cas en mono "panpotée". On s'imagine que mettre un peu plus de volume à droite va nous faire croire que le son
vient de droite. C'est parce que beaucoup d'ingénieurs du son ont le titre, la fonction, mais pas les compétences
ni le temps ni le budget ni la culture.
Un système très prisé dans l'enregistrement de musique classique est la "Tête artificielle": On a un
disque d'une trentaine de centimètres de diamètre recouvert de revêtement absorbant, et de chaque côté du
disque on a un micro statique, dans une configuration rappellant une tête et ses deux oreilles. Il est assez difficile
d'avoir un mixage parfait par ce système sans micros d'appoints, qui ammènent des problèmes de phase très
difficiles à résoudre. Si vous pouvez, essayez au moins une fois une tête artificielle, l'illusion de présence est
saisissante.
Sur ce site, il n'y a à ma connaissance qu'un seule chose en vraie stéréo, c'est les claps de
fin du morceau El Paso's Tacos, enregistré par le groupe de country rock
ARIZONA.